Journées de contrastes en cabane : les petites joies ponctuent les longs moments de solitude. Joies et sensations fortes faites de petites choses : couper du bois à la tombée du jour, quand le ciel est bleu et pastel une heure durant, et les sommets des sapins alentours décorés de lumières irréelles ; découvrir une nouvelle empreinte, signe d'une autre vie, d'un autre combat ; entendre un loup hurler (et lui répondre) ; assister aux pirouettes d'un écureuil ou d'un oiseau inquisiteur ; s'oublier dans un silence apaisant, en appréciant le fait d'être réellement seul et en réalisant à quel point ce fait est un privilège aujourd'hui ; observer un nouveau reflet à l'horizon ; admirer un travail bien fait, une ligne bien écrite. Chaque jour est différent, et chaque changement me plonge dans l'émerveillement et la réalisation de la singularité du moment présent. Ces joies-là sont plus difficiles à décrire que la solitude qui les souligne, mais bien réelles. Elles sont peinture et pinceaux, et donnent vie au noir sur blanc de l'hiver arctique.
27.02.2015
" 4h22. Couché sur ma paillasse dans cette cabane au fond des bois, je rêve ma vie. Elle est belle, faite de vents, de portes ouvertes et de grandes fenêtres ; de sentiments contrastés mais toujours forts ; de moi et des autres ; de tout ce qui nous entoure et rend cette existence excitante. Ce jour d'aujourd'hui, je vais le bouffer !
17h15. Cette journée je ne la bouffe pas, je la digère. Péniblement. Vaqué à mes occupations, sans grande conviction. Une fatigue m'écrase, qui n'est pas physique. Une fatigue d'usure, affectée à un esprit contraint à la créativité, dans cette cabane où comme seule commodité j'ai une poêle à bois, comme seuls loisirs un carnet et un livre (pas le meilleur choix par ailleurs : Desolation Angels de Jack Kerouac, avec ses longues descriptions agonisantes de la solitude). Le "tic tac" du réveil mécanique m'indique que le temps passe - mon temps ! mon moment ! - et la neige dehors me confirme qu'il s'en passera encore des "tic tac" avant que je puisse reprendre pied.
Ahh... la compagnie, l'Autre ! Que donnerais-je pour me retrouver en ce moment à Louvain-la-Neuve en compagnie des pâté-men sur la Place du Rabelais, une spéciale belge à la main et au soleil, relookant les droïdes et autres créatures divines descendre la rue de Charlemagne. Et le "pâté" : nos conneries, nos paraphrases. Je veux de la distraction facile - ne me jugez pas - et du temps qui s'écoule sans qu'on le sente passer. Donnez-moi du vrai, du faussement vrai, du vraiment faux. Moi je m'en balance ! Je veux que l'horloge tourne, que les jours passent et que le changement arrive. Que je puisse bouger d'ici.
Montagnes Ogilvie !
Je vous remercie
pour la leçon de patience,
mais laissez-moi
s'il-vous-plait
ma petite victoire.
On m'a donné l'Autre - bénit soit-il - et je m'en suis éloigné. Pour me retrouver seul. Connerie de l'être, flottabilité des sentiments : on s'éloigne d'un chemin pour ensuite y revenir rampant, pour ces mêmes raisons qui nous ont amené à le quitter. Je veux du bruit, du son, du neuf, du monde, des autres que moi - satané moi, seul et pas foutu d'être satisfait de ma situation du matin jusqu'au soir, versatile, aveuglé, ignorant, con ! con ! con ! fou ! fou ! fou !
Je veux de l'action, du mouvement ; je veux faire, bouger, faire quelque chose de mes jambes - ces jambes que j'aime tant et qui me donnent cette liberté à laquelle je tiens tant - ; je veux du nouveau, du changement, du ... du ... Mais demain ira mieux. 13 collets à lapin, 2 passerelles à écureuils, 2 lignes de pêche jetées dans la Hart : au-dehors, j'ai sorti mes crocs. Demain m'amènera peut-être quelque chose de nouveau : un témoignage que ça bouge là-dehors, que je ne suis pas le seul bougre d'âme à m'agiter dans ces montagnes. Car ces montagnes, elles, me soûlent de leur indifférence crasse, de leur mépris - les sommets nous observent et nous moquent depuis leur perchoir ! Mais demain ira bien. "
28.02.2015
Belle journée. Trouvé un livre de western américain : Anything for Billy. Lecture facile, au soleil sur le fleuve gelé (à 4 km au Nord, Antoine a la même idée). Thermos de chocolat chaud et snacks, gardés pour les occasions spéciales.
" A l'Est le paysage est irréel : montagnes blanches immaculées sur fond plus bleu que bleu, avec de petits nuages ronds parfaitement disposés dans le ciel. A défaut de pouvoir se rendre visite (trop de neige entre eux et moi), les sommets m'envoient une carte postale. "
27.02.2015
" 4h22. Couché sur ma paillasse dans cette cabane au fond des bois, je rêve ma vie. Elle est belle, faite de vents, de portes ouvertes et de grandes fenêtres ; de sentiments contrastés mais toujours forts ; de moi et des autres ; de tout ce qui nous entoure et rend cette existence excitante. Ce jour d'aujourd'hui, je vais le bouffer !
17h15. Cette journée je ne la bouffe pas, je la digère. Péniblement. Vaqué à mes occupations, sans grande conviction. Une fatigue m'écrase, qui n'est pas physique. Une fatigue d'usure, affectée à un esprit contraint à la créativité, dans cette cabane où comme seule commodité j'ai une poêle à bois, comme seuls loisirs un carnet et un livre (pas le meilleur choix par ailleurs : Desolation Angels de Jack Kerouac, avec ses longues descriptions agonisantes de la solitude). Le "tic tac" du réveil mécanique m'indique que le temps passe - mon temps ! mon moment ! - et la neige dehors me confirme qu'il s'en passera encore des "tic tac" avant que je puisse reprendre pied.
Ahh... la compagnie, l'Autre ! Que donnerais-je pour me retrouver en ce moment à Louvain-la-Neuve en compagnie des pâté-men sur la Place du Rabelais, une spéciale belge à la main et au soleil, relookant les droïdes et autres créatures divines descendre la rue de Charlemagne. Et le "pâté" : nos conneries, nos paraphrases. Je veux de la distraction facile - ne me jugez pas - et du temps qui s'écoule sans qu'on le sente passer. Donnez-moi du vrai, du faussement vrai, du vraiment faux. Moi je m'en balance ! Je veux que l'horloge tourne, que les jours passent et que le changement arrive. Que je puisse bouger d'ici.
Montagnes Ogilvie !
Je vous remercie
pour la leçon de patience,
mais laissez-moi
s'il-vous-plait
ma petite victoire.
On m'a donné l'Autre - bénit soit-il - et je m'en suis éloigné. Pour me retrouver seul. Connerie de l'être, flottabilité des sentiments : on s'éloigne d'un chemin pour ensuite y revenir rampant, pour ces mêmes raisons qui nous ont amené à le quitter. Je veux du bruit, du son, du neuf, du monde, des autres que moi - satané moi, seul et pas foutu d'être satisfait de ma situation du matin jusqu'au soir, versatile, aveuglé, ignorant, con ! con ! con ! fou ! fou ! fou !
Je veux de l'action, du mouvement ; je veux faire, bouger, faire quelque chose de mes jambes - ces jambes que j'aime tant et qui me donnent cette liberté à laquelle je tiens tant - ; je veux du nouveau, du changement, du ... du ... Mais demain ira mieux. 13 collets à lapin, 2 passerelles à écureuils, 2 lignes de pêche jetées dans la Hart : au-dehors, j'ai sorti mes crocs. Demain m'amènera peut-être quelque chose de nouveau : un témoignage que ça bouge là-dehors, que je ne suis pas le seul bougre d'âme à m'agiter dans ces montagnes. Car ces montagnes, elles, me soûlent de leur indifférence crasse, de leur mépris - les sommets nous observent et nous moquent depuis leur perchoir ! Mais demain ira bien. "
28.02.2015
Belle journée. Trouvé un livre de western américain : Anything for Billy. Lecture facile, au soleil sur le fleuve gelé (à 4 km au Nord, Antoine a la même idée). Thermos de chocolat chaud et snacks, gardés pour les occasions spéciales.
" A l'Est le paysage est irréel : montagnes blanches immaculées sur fond plus bleu que bleu, avec de petits nuages ronds parfaitement disposés dans le ciel. A défaut de pouvoir se rendre visite (trop de neige entre eux et moi), les sommets m'envoient une carte postale. "